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Vivre à Tatekawa [竪川に生きる], de YAMAMOTO Yōko

Projection dimanche 7 avril 2024 (Orléans)

Projection au cinéma Les Carmes le 7 avril à 13 h 30. La séance sera suivie d’une discussion avec la réalisatrice animée par Nicolas Pinet.

Synopsis

En 2012, un an avant l’attribution des Jeux Olympiques 2020 à la ville de Tokyo, j’ai rencontré un homme qui habitait dans un parc du nord-est de Tokyo et mobilisait les gens contre l’expulsion du groupe de personnes qui y vivaient. Je lui ai demandé : « Pourquoi vous ne demandez pas le RSA ? » Il m’a expliqué qu’il collectait des canettes pour gagner sa vie et m’a dit : « Si tu veux, viens voir où on habite ». Le lendemain j’y suis allée et j’ai eu envie de garder une trace de leurs vies dans un film.

→ Réalisatrice

Yoko Yamamoto (Hikari, Japon, 1976) vit en France depuis 2017. Après un master de linguistique à l’Université de Chiba (Japon), elle a étudié la photographie à l’École de photographie de Tokyo (2007). Son travail de photographe documentaire sur une petite usine de Tokyo a été publié dans le livre Tōkyō machi kōba (Raichōsha, 2008). Vivre à Tatekawa (Tatekawa ni ikiru), long-métrage documentaire terminé en 2021, faisait partie de la sélection Route du doc – Japon lors des États généraux du film documentaire 2022 de Lussas (Ardèche).

Données techniques

Titre original : Tatekawa ni ikiru [竪川に生きる]
Réalisateur : YAMAMOTO Yōko [山本 容子]
Année : 2021
Durée : 100 min.
Pays : Japon
Langue : japonais
Sous-titres : français
Production : YAMAMOTO Yōko
Image : YAMAMOTO Yōko
Son : YAMAMOTO Yōko
Montage : YAMAMOTO Yōko

Projection mercredi 28 février 2024 (Saint-Denis)

Projection à l’Écran de Saint-Denis le 28 février 2024 à 18 h 30 dans le cadre du 2e festival Regards satellites (auparavant Journées cinématographiques dionysiennes) qui se tiendra du 27 février au 11 mars 2024, au cinéma L’Écran de Saint-Denis. La projection sera suivie d’une discussion avec la réalisatrice. Le court métrage Olympic Trash (2023) de Erik Sémashkin sera projeté en avant-séance. L’adresse du cinéma est : 14 Passage de l’Aqueduc, 93200 Saint-Denis, métro: Basilique de Saint-Denis (ligne 13).

Projection mardi 14 novembre 2023 (Paris)

Projection au Forum des images le 14 novembre 2023 à 20 h 30. La projection sera suivie d’une discussion animée par Nicolas Pinet (sociologue).

Projection jeudi 17 novembre 2022 (Tokyo)

114e projection VIDEO ACT!
18 h 30, Tokyo Voluntary Action Center (〒162-0823 Tōkyōto, Shinjuku, Kagurakashi 1-1 – Central Plaza, 10e étage. Contact: 03-3235-1171)
Projection suivie d’une discussion en visioconférence avec YAMAMOTO Yōko.

Projections vendredi 26 août 2022 (Lussas)

Projection en VO sous-titrée français lors des États généraux du film documentaire 2022 (section Route du doc – Japon) qui se sont tenus du 21 au 27 août à Lussas (Ardèche).
Vendredi 26 août – 10h15 – Salle Scam
Vendredi 26 août – 21h30 – Salle Moulinage

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Une fourmi contre-attaque [アリ地獄天国], de TSUCHIYA Tokachi

Synopsis

Selon les chiffres officiels, au Japon, entre 2006 et 2017, 5 233 personnes ont été victimes de karōshi [過労死], mot désignant la mort par surmenage. Nishimura, jeune chef des ventes d’une entreprise de déménagement travaille sans compter, jusqu’à dix-neuf heures par jour. Épuisé, il provoque un accident de la route avec son véhicule de fonction et se voit contraint de signer une reconnaissance de dette abusive envers son employeur. Pour protester contre ces pratiques illégales, il décide de rejoindre un syndicat. C’est alors que ses ennuis commencent. Il est bientôt rétrogradé, jusqu’à se retrouver en charge de la déchiqueteuse de documents. Plongée au cœur de la vie d’un employé durant trois ans, Une fourmi contre-attaque constitue une mise à nu brutale des abus d’un capitalisme toujours plus répressif. Le documentaire ouvre aussi un horizon d’espérance en filmant les actions collectives pour la défense des droits et de la dignité des travailleurs.

→ Réalisateur

TSUCHIYA Tokachi [土屋トカチ] est né en 1971 dans le département de Kyoto. Après avoir travaillé comme journalier dans différents secteurs, en étant tour à tour livreur de journaux, commis de librairie et ouvrier en usine, il débute dans le milieu du cinéma en 1999. En 2006 il fonde le collectif Low Position avec les documentaristes ĪDA Motoharu [飯田 基晴] et TOKIDA Takashi [常田高志]. Observateur du monde du travail et des laissés-pour-compte du capitalisme, il s’attache à dénoncer les black kigyō [burakku kigyō ブラック企業], terme désignant au Japon les entreprises exploitant leurs salariés dans des conditions de travail dégradées. En 2008, il se fait remarquer par un premier long-métrage A Normal Life Please [Futsū no shigoto ga shitai フツーの仕事がしたい], dans lequel il suit un conducteur livreur de béton victime de discrimination syndicale qui tente de faire valoir ses droits. Son film est primé par le 17e Festival de Raindance (Londres) et le 6e Festival international du film de Dubaï. On lui doit également The Aging Degradation [Keinen rekka 経年劣化] (2013) et Secret of Konbini [Konbini no himitsu コンビニの秘密] (2017). Une fourmi contre-attaque est son dernier long-métrage. Sélectionné au Festival international de Yamagata, il a été récompensé du prix Nippon Online lors de la 20e édition du festival Nippon Connection (Francfort).

→ Bande annonce (vosta)

Données techniques

Titre original : Ari jigoku tengoku [アリ地獄天国]
Réalisateur : TSUCHIYA Tokachi [土屋トカチ]
Année : 2019
Durée : 98 min.
Pays : Japon
Langue : japonais
Sous-titres : français
Production : groupe Low Position
Image : TSUCHIYA Tokachi
Son : TSUCHIYA Tokachi
Montage : TSUCHIYA Tokachi

Projection vendredi 22 septembre 2023 (Annecy)

Projection le 22 septembre 2023 à 19 h au Téléphérique (Cinémathèque des pays de Savoie et de l’Ain – 12 bis Route d’Annecy 74290 Veyrier-du-Lac). La séance sera suivie d’une discussion avec Charlotte Lamotte, anthropologue et spécialiste du Japon, enseignante à l’université de Grenoble-Alpes, et Dimitri Ianni.

Projection dimanche 16 avril 2023 (Orléans)

Projection au cinéma Les Carmes le 16 avril 2023 à 11 h (ciné bentō). La projection sera suivie d’un échange avec Aline Henninger, maîtresse de conférences en études japonaises à l’université d’Orléans.

Projection samedi 1er avril 2023 (Lyon)

Le film sera projeté le 1er avril à 11 h au Cinéma Comoedia (13 avenue Berthelot 69007 Lyon). La séance sera suivie d’un échange avec Dimitri Ianni et Nicolas Pinet.

Projection samedi 26 novembre 2022 (Vannes)

La séance aura lieu à 14 h 30 au cinéville Garenne (12bis Rue Alexandre le Pontois, 56000 Vannes). La projection sera suivie d’un échange avec Anne-Lise Mithout, maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité.

Projection jeudi 27 octobre 2022 (Genève)

Projection-débat aux cinémas du Grütli (Rue du Général-Dufour 16, 1204 Genève, Suisse. Tél : +41 22 320 78 78).

Projection jeudi 22 septembre 2022 (Vevey)

La projection est organisée par le ciné-club Indiana. Elle aura lieu à l’Espace Indiana (chemin du verger, 101800 Vevey, Suisse) à 19 h.

Projection samedi 27 août 2022 (Lussas)

Une fourmi contre-attaque, de TSUCHIYA Tokachi a été projeté en VOSTFR lors des États généraux du film documentaire qui se sont déroulés du 21 au 27 août à Lussas (Ardèche).
Samedi 27 Août 2022 à 10:00, Salle des fêtes. Billetterie

Projection lundi 16 mai 2022 (Paris)

Lundi 16 mai 2022, la Cinémathèque du documentaire à la Bpi projette dans le cadre de son programme Fenêtre sur festivals les deux documentaires lauréats de l’édition 2021 du festival Fenêtres sur le Japon, Écouter le ciel, de KOMORI Haruka (18 h) et Une fourmi contre-attaque, de TSUCHIYA Tokachi (20 h), qui ont été sous-titrés en français. Les deux projections auront lieu au Cinéma 2 du Centre Pompidou (Place Georges-Pompidou, 75004 Paris).

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Les États généraux du film documentaire

Les États généraux du film documentaire se dérouleront du 21 au 27 août à Lussas. La section « Route du doc » sera consacrée au Japon en collaboration avec le Festival international du film documentaire de Yamagata et Fenêtres sur le Japon.

Téléchargez le programme complet (en pdf) / Billetterie

ROUTE DU DOC : JAPON
Texte de présentation par Tamaki Tsuchida

Que signifie « modernité » dans le cinéma moderne ? Il ne suffit pas de supposer que cela signifie traiter des sujets et des objets contemporains dans le travail. C’est la conscience de se situer dans l’histoire et de vivre « après » l’histoire qui permet aux
cinéastes de se tenir sur le terrain de la création et d’inscrire la modernité dans leur oeuvre. Cette prise de conscience ne dépend pas du fait que le film soit un film de fiction ou un film documentaire. On ne peut expliquer le succès des cinéastes japonais d’aujourd’hui sur la scène internationale sans rappeler la production massive de films de fiction dans les années soixante au Japon suivi du déclin du « système des studios » qui la soutenait. Pour les nouveaux cinéastes, arrivés après les grands maîtres, dans un univers bouleversé et un système dégradé, leurs films sont l’aboutissement de la recherche d’un cinéma encore possible plutôt que d’une « nouveauté » superficielle.

Dans l’histoire du cinéma documentaire japonais, Makoto Sato est le lien entre ces deux époques, entre deux générations. Fortement sensibilisé et conscient de cette notion de « l’après », ses films en sont l’incarnation. Cinéaste et théoricien, il a d’ailleurs présenté au festival de Lussas en 2002 une rétrospective des films de Shinsuke Ogawa et accompagné ses films Self & Others (2000) et Hanako (2001). Lorsque Sato fait ses débuts dans le cinéma, dans les années quatre-vingt, le cinéma documentaire indépendant japonais est passé d’un style « collectif » à un style « individuel », et le sujet des films s’est détourné de la politique et de la société pour s’intéresser aux individus. Le mode de production de cinéastes tels qu’Ogawa et Tsuchimoto – qui, dans certains cas, s’installaient dans un lieu pour réaliser leurs films tout en vivant en communauté et en pensant dans le même temps la diffusion des films pour susciter un appel à la société – est en train de disparaître.

Collectif ou individuel ? En d’autres termes, comme le film Self and Others de Sato nous le suggère, la question est de savoir comment se relier « Self/soi avec les « Others/autres » – la conscience d’un « entre-deux », entre nous et les autres, est devenue quelque chose de rare dans la société japonaise. En particulier à la suite du tremblement de terre de 2011, puis de Fukushima et de la pandémie, les relations semblent s’être morcelées et les expériences ainsi que les souvenirs à partager se perdent de plus en plus. Le quotidien de chacun occupe tout l’espace d’où disparaît l’autre, entraînant aussi une forme d’indifférence et même d’intolérance.

Deux films s’opposent à cet effacement, aux côtés de ceux qui tentent de résister et de surmonter leurs conditions de vie et de travail. Vivre à Tatekawa de Yoko Yamamoto et Une fourmi contre-attaque de Tokachi Tsuchiya sont des films de lutte, d’une lutte qu’ils accompagnent dans la durée, renforçant ceux qui sont filmés dans leur dignité et leur combat, inégal mais obstiné et vivant.

Comment pouvons-nous recréer le « et/& » et resserrer des liens ? Théâtre 1 de Kazuhiro Soda est une tentative d’« observation » du monde devant la caméra pour le transmettre aux spectateurs comme « réel », tout en superposant sa propre méthode de cinéaste à celle d’un metteur en scène de théâtre. Y a-t-il encore une nécessité à filmer quelque chose aujourd’hui ? Dans Toward a Common Tenderness, Kaori Oda s’interroge sur la manière de concilier son désir esthétique et une forme d’éthique pour son cinéma et amorce en quelque sorte une réflexion autour du langage. Le langage est le coeur du travail de Sakai et Hamaguchi qui se concentrent sur la parole et le récit des personnes rescapées de l’inimaginable et irreprésentable tsunami. Il s’agit d’une « expérimentation » qui construit un espace protégé entre survivants et disparus, entre raconter et écouter, entre sujet et spectateur, entre fiction et documentaire.

La supposée glorieuse période de croissance du Japon est révolue, la pauvreté se propage ainsi que le sentiment que quelque chose se termine. Survivre après la catastrophe. Dans le sillage de Sato, qui a filmé après Ogawa et Tsuchimoto, les films documentaires japonais tentent de résister et d’échapper à l’étouffement de cette époque. Le film de Haruka Komori et de Natsumi Seo est un geste d’espoir, celui de la transmission d’un récit à la future génération. Au-delà, dans Tenryu-ku Okuryoke Osawa: Bessho Tea Factory de Teiichi Hori, filmé dans une plantation de thé vert en montagne, on découvre la lumière et le brouillard, le vent et le bruit des machines, les gestes des femmes et des hommes qui travaillent. On y rencontre le reflet d’un autre monde, quelque chose dans un hors champ, ailleurs, ici.

Une programmation de Tamaki Tsuchida et Christophe Postic.
En présence de Tamaki Tsuchida (Festival International du Film Documentaire de Yamagata) et de Yoko Yamamoto.
Avec le soutien de l’Institut français du Japon et la collaboration du Festival Fenêtres sur le Japon.